Le salon de l’agriculture 2022 vient de fermer ses portes. C’est l’occasion d’évoquer quelques sujets d’actualité.
Il ne reste plus que 391 000 paysan.nes au dernier recensement de 2020 (1,6 million en 1980). La moitié d’entre eux partira à la retraite d’ici 10 ans. 100 000 fermes ont disparu depuis 10 ans. Pour relever les défis écologiques et sociaux de l’agriculture, l’emploi et la vitalité rurale, l’enjeu est bien de ré-installer massivement des paysannes et paysans, certains proposent, pourquoi pas 1 million ? Comme le dit le mouvement Terre de liens « Sans paysans, on fait comment ? ». Il est urgent d’agir pour maintenir des fermes à taille humaine. On peut flécher son épargne pour participer à ce projet. http://www.terredeliens.org
Ceux qui souhaitent s’installer sur une ferme, font face à de multiples obstacles, surtout s’ils ne viennent pas d’une famille paysanne. En 1er lieu, trouver une terre. Les prix se sont envolés et le système en place favorise l’agrandissement des fermes déjà en activité. Divers gros projets immobiliers, autoroutiers, plateformes logistiques, détruisent les terres agricoles. Pour lutter contre l’accaparement des terres, le mouvement « Les soulèvements de la terre » se mobilise.
Le conflit en Ukraine met en lumière la question de la souveraineté alimentaire (et énergétique) et révèle les failles et la fragilité du système international des prix agricoles. Quel dommage d’attendre des crises de cette ampleur pour prendre conscience des priorités ! Moins miser sur les cultures destinées à l’exportation, mais plutôt nourrir ses voisins. Moins importer l’alimentation du bétail, alors qu’elle peut être produite en France (prairies diversifiées, plus de protéines végétales dans les rotations bénéfiques également pour la qualité du sol…..)
Cette question essentielle est mise en avant dans les principes de l’agriculture paysanne. Voir les détails sur le site du syndicat « la Confédération Paysanne ». 4_pages_CLIMAT_2021_MD.pdf (urlz.fr)
Ce document dénonce certaines dérives agricoles, causes importantes du dérèglement climatique : élevage intensif, monocultures, forte utilisation d’intrants chimiques issus des énergies fossiles. L’humus des sols et les forêts sont des puits de carbone, en les maltraitant le changement climatique ne fait qu’empirer. Le document montre comment un ensemble de pratiques culturales et d’élevage cohérentes apportent des solutions. Comment l’agriculture paysanne peut contribuer à « refroidir la planète ».
Face aux nombreux enjeux dévolus à l’agriculture (nourrir sainement, protéger la biodiversité, lutter contre le dérèglement climatique…), on peut déplorer trop de fausses solutions encouragées par des politiques publiques et des organisations de l’agriculture industrielle. De nombreuses actions sont en cours pour dénoncer l’aberration de ces fausses solutions. Quelques exemples :
– Les bassines, énormes réserves d’eau de 10 ha en moyenne (1 million de m3). Elles ne sont pas remplies par l’eau de pluie, mais l’eau est pompée dans les nappes de surface ou dans les cours d’eau. Elles ne bénéficient qu’à 6% des agriculteurs : maïs pour l’exportation et parfois aux méthaniseurs, et pour alimenter les élevages laitiers hors sol. Un temps fort de mobilisation sur ce sujet est prévu du 24 au 27 mars dans les Deux sèvres.
– Méthanisation : en petites unités, elle est utile pour recycler les résidus organiques en surplus des fermes et éviter que le méthane ne s’échappe dans l’air. C’est un gaz à effet de serre au potentiel de réchauffement 25 fois supérieur au CO2. Mais la production d’énergie ne doit pas se faire au détriment de la production d’aliments pour les hommes et le bétail.
– Principe de compensations : Un impact négatif pourrait être contrebalancé par un impact positif afin d’atteindre un « équilibre » entre ce qui est émis et ce qui est stocké ou entre ce qui est dégradé et ce qui est restauré. Or, avec la compensation, au lieu de chercher à éviter les pollutions, l’artificialisation de sols ou les émissions de gaz à effet de serre, on va chercher à les compenser, ce qui ne permet pas de ralentir ces impacts, mais au contraire à accorder un droit à polluer ou à artificialiser.
– Les plans Ecophyto depuis 2008, très coûteux, devaient accompagner les acteurs pour diminuer l’utilisation des pesticides aux effets dangereux pour la santé des hommes et de la biodiversité (– 50% en 10 ans, reporté à 2025). Au contraire leur utilisation a augmenté de 12% entre 2009 et 2016… et le glyphosate n’est toujours pas interdit. Alors que les alternatives sont bien connues et pratiquées, mais remettent en cause le système établi.
En mars 2020 la population a mieux saisi l’importance de relocaliser les productions agricoles, artisanales et industrielles et elle a apprécié les bons produits « direct producteurs ». Mais cet élan semble s’essouffler. Les appellations et labellisations multiples et complexes sèment parfois la confusion. Mais nous pouvons encourager ceux qui ont des pratiques durables, et ceux certifiés en agriculture biologique, en favorisant nos achats dans leurs circuits de vente, en direct, en magasins de producteurs, en magasins spécialisés. Avec des aliments de qualité, moins transformés, qui n’ont pas parcouru trop de kilomètres, moins de viande, en cuisinant soi-même plus souvent, l’argument du prix ne tient plus. Et on participe à créer de nombreux emplois directs et indirects, à redynamiser le tissu rural, et à préparer un avenir plus vivable et solidaire.
Infos complémentaires Actualités – Les Ami·e·s de la Confédération paysanne (lesamisdelaconf.org)
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