Bien souvent, nos discours sont parsemés de « grand » sous toutes ses formes, employé au sens figuré. Par exemple un grand homme, une grande marque…
Pour le premier exemple, Napoléon est notre plus recommandable grand personnage pour l’œuvre considérable que représente le Code Civil. Hormis cela, il est difficile de reconnaitre des qualités à l’envahissement de l’Europe ou à la restauration de l’esclavage et les centaines de milliers de morts qui en découlèrent.
D’autres grands hommes le furent ou le sont encore beaucoup moins que lui et ne conservent qu’une grande ambition et ne peuvent se vanter, au mieux, que d’une grande inefficacité ou, au pire, de grands désastres.
Une grande marque est souvent grande par son pouvoir de nuisance : agression publicitaire, mise en concurrence des salariés, aveuglement sur les conséquences écologiques de leurs modes de production et de distribution.
Notre utilisation de ce qualificatif dénote de la persistance de critères d’évaluation sociale d’un autre temps dont l’analyse détaillée dépasse le cadre limité de ce billet : suprématie d’un ordre moral religieux traditionaliste, d’une « hagiographie » de héros dominateurs, réels ou fictifs, le succès d’une violence excuse souvent in fine cette dernière car bien souvent « la fin justifie les moyens« .
Chacun peut faire cette analyse et valider ou infirmer, au cas par cas, l’usage de cet adjectif. Ne nous laissons pas prendre au piège par ce petit mot révélateur de l’intimité de nos valeurs sociales.
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