Publié par : cecileab | 16 janvier 2023

Des représentants du Mouvement des travailleurs ruraux Sans-Terre du Brésil à Rueil

Leur séjour en France commençait en novembre 2022 à Rueil. 2 jeunes délégués du Mouvement des travailleurs ruraux Sans-Terre du Brésil (MST) avaient un beau programme de rencontres variées des lieux de luttes sociales et rurales à travers la France. Au cours de leur séjour, ils sont accueillis par les associations « Les Amis du MST » et « Les Amis de la Confédération Paysanne » .

Devant des membres du collectif Rueil en Transition, ils ont expliqué les objectifs, le fonctionnement du MST. L’histoire du Brésil est marquée par une grande inégalité sociale, par le « travail esclave », les immenses propriétés terriennes, et la monoculture pour l’exportation. Les restructurations orientées vers l’agrobusiness et ses conséquences désastreuses sur les populations ont généré plusieurs révoltes populaires d’anciens esclaves, de salariés agricoles et de petits propriétaires expulsés. Né en 1984, le MST est une organisation paysanne et un mouvement social majeur en Amérique du Sud, organisé dans 24 des 27 états du Brésil, et soutenu à l’international. Ce n’est pas un parti politique. Ce mouvement populaire organise les paysannes et paysans sans terre du Brésil pour obtenir des terres à cultiver, une réforme agraire et la transformation sociale globale. 1% des propriétaires terriens détiennent environ 51% de toutes les terres agricoles. Face à la concentration de la propriété terrienne et aux inégalités sociales dans le pays, la lutte pour la démocratisation de la terre représente un changement dans toute la structure socio-économique du pays, et a entrainé des répressions souvent violentes sur des personnes et des équipements collectifs.

L’occupation des grandes propriétés terriennes est la principale forme de lutte pour l’accès à la terre et le principal mécanisme de pression pour que les terres qui ne remplissent pas leur fonction sociale soient attribuées à la réforme agraire par le gouvernement. Cette lutte s’appuie sur la constitution du Brésil de 1988 qu’elle veut faire respecter. Extrait de l’article 186 « les propriétés rurales doivent remplir une fonction sociale : usage rationnel et approprié, terre productive dans le respect de l’environnement et des lois du travail. Les terres peuvent donc être désappropriées quand ce n’est pas le cas ». Un groupe de familles occupent un terrain sélectionné si ces critères ne sont pas remplis, elles organisent le campement collectivement, chacun ayant sa tâche. Quand l’Etat désapproprie la terre et donne un droit d’usage aux familles, le campement devient un « assentamento ». Mais la lutte continue pour faire respecter les droits sociaux tels que l’accès à la santé, à l’alimentation saine, à l’éducation de qualité, la culture, l’accès au prêt …   

La réforme agraire ne concerne pas seulement la redistribution équitable des terres. Elle inclue le développement d’une agriculture paysanne familiale, d’une production agro-écologique de qualité qui préserve la nature et la souveraineté alimentaire. Le MST défend les zones appartenant aux peuples indigènes et aux communautés traditionnelles, se bat contre la déforestation, et reconstruit les zones dégradées.   

Les familles s’organisent en coopérative et transforment localement leur production. Il existe beaucoup d’échanges et de troc entre les diverses communautés. Le MST combat contre toutes formes de violence et de discrimination, et met l’accent sur la formation de ses militants, agents de santé, éducateurs, coordinateurs de collectifs…Le MST crée des réseaux de solidarité, des cantines solidaires, et partage ses productions avec les personnes vivant dans la rue.     

Les luttes du MST ont permis à l’attribution de terres à 450 000 familles. Pendant la présidence de J. Bolsonaro la réforme agraire était paralysée et le MST espère qu’avec le retour de Lula, le dialogue va reprendre, 120 000 familles attendent dans les campements.      

Article d’avril 2021 du Comité pour les droits en Amérique latine, « MST résistance et solidarité en temps de pandémie » Le Mouvement des sans-terre du Brésil : résistance et solidarité en temps de pandémie – Comité pour les droits humains en Amérique latine (cdhal.org)


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