Publié par : cecileab | 9 février 2023

Flou trompeur organisé, consommateurs désorientés

Dans le secteur de l’agroalimentaire, on voit fleurir de nombreux sigles, abréviations, labels, marques…La plupart ont une connotation positive mais quand on regarde de plus près, qu’en est – il vraiment ? Comment faire son choix devant ces allégations « agriculture durable, Agriculture Biologique, fermier, en plein air, ferme locale …. ». Il faut regarder de près pour se renseigner sur le cahier des charges, les exigences, les contrôles.  

A partir de plusieurs références, voici quelques éléments pour se faire une opinion.

Privilégier le « manger local » ?   

C’est intéressant pour soutenir les filières agricoles de son territoire, et réduire les intermédiaires. Mais c’est très peu efficace pour réduire l’impact climatique de son alimentation. Dans les postes d’émission de Gaz à Effet de Serre (GES) liés à l’alimentation, seuls 13% concernent le transport des denrées, et 20% la cuisson, la transformation agroalimentaire. Mais en moyenne 67 % des GES proviennent de toutes les étapes de la production agricole. Le consommateur averti peut donc avoir une certaine influence pour faire baisser son bilan carbone. Selon le type d’agriculture pratiquée, la quantité de GES sera bien différente. Les pratiques agronomiques en agriculture paysanne ou en agriculture biologique permettent une nette diminution de production de GES.  

Par exemple, si les animaux sont au pâturage, on voit bien qu’ils produiront moins de GES, à la fois par leur système digestif, et en évitant les aliments pour partie importés d’Amérique du Sud (soja OGM) qui ont nécessité la déforestation.  Le recours aux engrais azotés et pesticides de synthèse pollue l’air et l’eau, modifie la biodiversité, entraine de plus en plus de problèmes de santé, cela fait partie des coûts cachés de l’agriculture dite conventionnelle. Les systèmes complexes des compensations financières, des diverses subventions nuisent à la compréhension du vrai prix des productions agricoles.  

Détails et source :   “Manger local” permet-il de réduire les impacts environnementaux de son alimentation ? – Réseau Action Climat (reseauactionclimat.org)

Label HVE trompeur 

Haute Valeur Environnementale : ce label crée en 2008 lors du Grenelle de l’environnement était à l’origine une marche vers le bio. Mais malheureusement l’intention est détournée actuellement.  

« C’est une belle aubaine et une belle opération marketing : profiter des attentes des consommateurs et des consommatrices, qui souhaitent préserver la planète et leur santé, tout en leur proposant des produits qui ne sont pas à la hauteur des promesses ». Selon des sondages, la plupart des clients accordent autant de crédit au label HVE qu’au label bio.  

En janvier 2023 un collectif d’associations de consommateurs, de défense de l’environnement et de la santé, des agriculteurs et entreprises de la bio, a saisi le Conseil d’Etat pour faire reconnaitre la tromperie du consommateur et mettre un terme au greenwashing entretenu par cette mention.  

Le dernier rapport de l’Office Français de la Biodiversité (OFB) de 2022 confirme que les récentes modifications du référentiel HVE ne sont pas celles attendues pour améliorer la performance environnementale du label. Cet Office disait en 2020, « pas de bénéfice environnemental dans une grande majorité des cas ». Les pesticides les plus toxiques restent autorisés.  

Un des critères pour obtenir le label impose que les achats d’intrants ne dépassent pas 30% du chiffre d’affaires d’exploitation. Or ce seuil n’est pas discriminant, selon l’OFB les exploitations viticoles consacrent en moyenne 14% de leur chiffre d’affaires aux intrants. (La viticulture représente plus de 80% des exploitations certifiées HVE). Pour obtenir certaines subventions de la PAC (Politique Agricole Commune) certaines infrastructures agroécologiques, haies, mares, lisières sont exigées. Dans une exploitation de 100 ha, pour la PAC, 5 kms de haies sont nécessaires, pour HVE il suffira d’avoir 1 km.… On voit que la volonté de changer les pratiques a du mal à avancer…

Détails et source :

https://www.generations-futures.fr/actualites/hve-dossier-docu/

 HVE : appel à action ! | BIO CONSOM’ACTEURS (bioconsomacteurs.org)

 « Bio et HVE : quelles différences ? »   https://www.bioconsomacteurs.org/download/file/fid/6353

 Le tableau des labels : 

            https://acrobat.adobe.com/link/review?uri=urn:aaid:scds:US:3bb9c3ad-f8b9-4ca6-a135-3d8d36e19c64

Le communiqué de presse du 20 janvier 2023, qui annonce le dépôt du recours en justice, et les raisons

                              https://www.bioconsomacteurs.org/download/file/fid/6351

 Les acteurs du secteur bio (producteurs, transformateurs, commerçants) remarquent tous une baisse dans les ventes. La hausse du coût de l’énergie a sa part, mais en bio il y a moins d’influence car il n’y a pas d’achat d’engrais et pesticides de synthèse issus du pétrole. Le regain d’intérêt observé en 2020 pour les aliments bio s’essouffle. Des informations correctes et complètes sur la chaine alimentaire pourraient soutenir les consommateurs à poursuivre et amplifier leurs achats auprès des producteurs aux pratiques réellement durables car respectueuses de tout l’environnement. Sans oublier ce qui revient moins cher, le « cuisiné maison », la réduction des produits d’origine animale au profit des protéines végétales (fruits à coque, légumineuses…).     

Revoir notre article « innovations pour émettre moins de GES » et les articles tagués agriculture.          

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Une des raisons de la consommation de produits non bio et/ou industriels c’est la restauration collective (cantines, restaurants, …)

qq exemples de tromperies : (envoyez nous d’autres exemples)

-poules élevées au sol (suggestion plein air)

-les mentions sans pesticide, sans OGM, sans huile de palme…

https://www.web-agri.fr/vaches-allaitantes-pmtva/article/221351/la-decapitalisation-du-cheptel-allaitant-francais-inquiete-les-engraisseurs-l-europe-du-sud

 Pour manger français : mangez bio ! – Bio Linéaires | le magazine professionnel des points de ventes bio, biodynamiques et diététiques (biolineaires.com)


Réponses

  1. Bonjour. Autre tromperie qui me met particulièrement en colère : le « sans nitrite » sur les charcuteries industrielles ou pas, et qui sont remplacés par des bouillons de légumes ou extraits végétaux, « naturels » donc bons pour la santé dans nos esprits, et qui contiennent en fait de grandes quantités de nitrates et nitrites eux-mêmes. Je ne sais pas s’ils en apportent autant que les sels de nitrite ajoutés, mais je trouve ça franchement fumeux. On pourrait éviter 4000 cancers digestifs par an en interdisant les nitrites.

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